Notre planète est une planète d’eau. Les océans qui couvrent les trois quarts de la surface de la terre, représentent quelque 1300 millions de km3 d’eau. Dans cette cet immense étendue liquide, se trouvent en dissolution des minéraux de toutes sortes et les gaz nécessaires à la vie foisonnante, et d’une multiplicité presque inconcevable, que recèlent les mers. Les animaux aquatiques respirent l’oxygène dissous, les plantes, tirant parti du gaz carbonique dissous lui aussi, élaborent de la nourriture. L’océan abrite aujourd’hui des milliers d’espèces animales et végétales dont chacune est merveilleusement adaptée à son habitat. Les unes et les autres coexistent dans un équilibre naturel, aboutissement de l’évolution à travers les âges. Ce berceau de la vie, pourtant, n’a pas toujours existé. Lorsque notre planète n’en était qu’à ses prémices et que se formait et se refroidissait l’écorce terrestre, il n’y avait point de mer. A un stade précoce, l’eau libérée par notre chaude planète devint vapeur et s’éleva, l’enveloppant dans un vaste nuage. Puis elle se refroidit, se condensa et retomba sur terre en orages quasi permanents, pour être vaporisée et remonter encore. Ce « cycle de l’eau sèche » se répéta des millions de fois avant que la terre fût suffisamment froide pour que l’eau puisse y demeurer et s’accumuler dans les fissures et les dépressions : la formation de la mer originelle avait commencé. Il a fallu vraisemblablement un milliard d’années pour que les océans soient pleins. S’il nous fallait retracer le cours infiniment lent et long de l’évolution, nous partirions des deux formes de vie les plus évoluées qui devaient apparaître : l’homme, la plus intelligente des créatures terrestres, et le dauphin, le plus intelligent des animaux marins. Tous deux appartiennent à la même classe ; tous deux sont des Mammifères, Vertébrés pratiquant l’allaitement de leurs petits. L’un et l’autre descendent des Mammifères primitifs qui erraient sur terre, les Cétacés actuels étant revenus à la mer après avoir vécu un certain temps sur les continents. Ces Mammifères préhistoriques étaient les héritiers des vertébrés à sang froid, eux-mêmes issus du premier poisson qui parvint à ramper hors de l’eau et à se plier aux conditions de vie terrestres. Cette transition exigeait l’adaptation à la pesanteur, qui n’est pas ressentie sous l’eau, et l’absorption d’oxygène à partir de l’air et non plus de l’eau. Ces poissons à respiration aérienne et qui se déplaçaient sur terre, provenaient à leur tour de l’évolution, au fil de millions d’années et à travers différentes étapes, d’animaux primitifs dénués d’épine dorsale, lointains descendants de formes unicellulaires. Mais avant même que la faune océanique ne commence à évoluer, règne animal et végétal se sont différenciés. Les organismes qui acquirent la capacité d’utiliser l’énergie solaire pour élaborer leur propre nourriture, à partir des substances minérales dissoutes dans la mer, se « spécialisèrent » en tant que plantes. Les autres, ne jouissant pas de cette faculté mais aptes à tirer des plantes leur subsistance, formèrent le règne animal. Évidemment, les animaux apprirent aussi à s’entre- dévorer. L’homme a l’illusion que les océans et les masses continentales de notre univers sont éternelles et qu’il est lui-même le fruit et le terme de milliards d’années d’évolution. Il existe, certes, des raisons de penser que le rythme auquel de nouvelles formes de vie sont produites s’est considérablement ralenti. La Terre, cependant, n’en continue pas moins de changer, tandis que l’homme influe de façon alarmante sur ce processus fragile. Son influence est aujourd’hui tragiquement destructrice mais il y a lieu d’espérer que la Science et la Raison renverseront la tendance. Quoi qu’il en soit, le monde futur sera assurément aussi différent du nôtre que le nôtre l’est de la Préhistoire. Si l’on nivelait l’écorce terrestre, que l’on aplanissait les grands massifs montagneux, tel l’Himalaya, et que l’on comblait les fosses océaniques comme celles des Philippines, la Terre serait recouverte par une couche d’eau uniforme de plus de 3 km d’épaisseur ! Telle est l’énormité de l’océan. La Terre est véritablement une planète d’eau. Pourtant, il est une autre façon de la considérer, plus appropriée peut-être lorsqu’il s’agit de l’homme. Toute l’eau de la terre, douce ou salée, ne représente qu’un peu plus du millième du volume terrestre. Dans cette optique, on comprend mieux qu’il faille préserver et chérir cette ressource vitale mais limitée. L’eau rend notre planète vivable. En fait, elle est vie. Elle modifie le climat en emmagasinant la chaleur et en la redistribuant sur terre grâce aux courants marins et à la circulation atmosphérique. L’eau est le solvant universel : elle dissout un plus grand nombre de substances que n’importe quel autre liquide. Chez l’homme, l’eau véhicule les matières vitales à travers tout le corps, et permet ainsi les réactions biochimiques complexes qui constituent la vie. Don précieux et rare, que l’eau ! |