Le 18 août 1968, Robert G. Croft, instructeur de la marine américaine, prenait son souffle et plongeait dans les eaux bleues du Gulf Stream au large de Fort Landerlale (Floride). Il parvint à une profondeur contrôlée de 70 mètres, et rejoignit la surface deux minutes et 28 secondes après le début de la descente. Pendant plusieurs années, Croft et le français Mayol se disputèrent ce record à quelques mètres près. En 1973 l’italien Enzo Maiorca porta facilement ce record à 80 m, profondeur qui a d’ailleurs toutes chances d’être encore améliorée. Pour mieux apprécier de tels exploits, nous rappellerons que la plupart de nos plongeurs sportifs, en bonne condition physique et sans le secours d’aucun appareil respiratoire, ne descendent qu’avec peine à 25 ou 30 mètres, au cours de plongées qui ne dépassent que rarement une minute et demie. Les possibilités du corps humain sont loin d’être connues, pour l’excellente raison que les hommes, même soumis à un entraînement intense, passent relativement peu de temps dans l’eau, alors que le dauphins y vit depuis sa naissance. Compte tenu des différences physiologiques entre les deux Mammifères en question, il n’est pas téméraire de penser qu’un homme élevé dans l’eau depuis son plus jeune âge réaliserait des performances de profondeur et de durée au moins égales a la moitié de celles d’un dauphin de taille et de poids comparables, c’est-à-dire 150 mètres de profondeur et six ou sept minutes de durée. Contrairement à un croyance populaire, même à une telle profondeur la cage thoracique se comporterait comme un sac souple et ne courrait aucun risque d’écrasement. En se qui concerne la durée d’immersion, nous rappellerons que, vers les années 1880-1890, des plongeurs « exhibitionnistes » s’immergeaient dans les bassins de verre devant une immense foule de spectateurs et restaient sous l’eau 4 minutes ½ à 4 minutes. Retenir son souffle, les records de plongée du cachalot sont sans commune mesure avec ceux de la majorité des autres Mammifères, et doivent presque s’inscrire sur un tableau à part. Lorsqu’il s’agit de retenir son souffle (apnée), l’homme bat à peine le puffin. UNE DEMI-HEURE SOUS L'EAU Les Cétacés de certaines espèces, lorsqu’ils croisent près de la surface des eaux, respirent une fois toutes les 2 ou 3 minutes. Mais il arrive qu’après une plongée particulièrement longue ils soient tout haletants et respirent 5 à 6 fois par minute, avant de retrouver un rythme respiratoire normal. A l’autre bout de l’échelle, la petite baleine à bec, de la tribu des rorquals, peut rester sous l’eau 2 heures d’affilée. Les cachalots, dont chaque immersion dure fréquemment 50 minutes, sont capables (comme l’ont prouvé de très sérieux chronométrage) de rester en plongée pendant 90 minutes. Les baleines franches demeurent communément sous les eaux un heure entière, alors que les rorquals, leurs parents, pratiquent des plongées de 40 minutes ( avec, entre deux immersions, des pauses en surface d’une dizaine de minutes). Les performances des dauphins sont, sur ce point, infiniment moins spectaculaire. Ils ne restent pas immergés plus de 5 minutes au cours de leur incursions ordinaires vers les fonds, et battent rarement le record des 10 minutes. Entre deux plongées, ils prennent généralement de longs temps de repos en surface, respirant alors deux fois à la minute. La durée d’immersion des phoques et des otaries, si étonnant que cela puisse paraître, est supérieure à celle des dauphins et des marsouins. Ces Pinnipèdes restent fréquemment en plongée 15 minutes d’affilée. Une femelle phoque de Steller, est restée sous l’eau pendant 16 minutes, et un phoque de Weddell a fait une plongée contrôlée de 45 minutes. Les plongées de la loutre de mer, moins bien adaptée à la vie sur et dans l’eau, ne durent pas plus de 5 minutes. Quant à l’ours blanc, le moins aquatique de tous les Mammifères, il ne peut demeurer sous l’eau que le temps d’une respiration, c’est-à-dire pendant environ une minute et demi. Les Mammifères plongeurs : l’échelle de ce tableau des records de plongée des Mammifères marins doit être arrangée pour faire place au records du phoque de Weddell et du cachalot. Sans accessoire aucun, l’être humain ne peut que traverser la couche superficielle. |